En juin 1941, après l'attaque-surprise de l'URSS par l'Allemagne nazie, les communistes français rejoignent la Résistance. Quelques semaines plus tard, le 13 août, lors d'une manifestation communiste contre l'armée allemande, deux militants sont arrêtés, puis fusillés. En représailles, un jeune militant communiste, le futur colonel Fabien, abat un aspirant de la Kriegsmarine à la station de métro Barbès. Le gouvernement de Vichy fait voter une loi d'exception rétroactive pour juger, par des procédures expéditives, six personnes qui n'ont rien à voir avec cet attentat et qui ont été condamnées pour des délits politiques mineurs. Il s'agit de satisfaire l'armée allemande, qui considère que la mort d'un de ses membres exige en expiation le sang de six Français. Le major Boemelburg estime que les exécutions françaises ont "plus d'effet" que les exécutions allemandes, selon la tactique adoptée, consistant à faire endosser au maximum par l'État français les tâches de répression. Cela sous la menace de procéder à l'exécution de 50 otages ».
L'histoire de ce "tribunal de la honte" est donc celle de six hommes, communistes et juifs, dont trois furent condamnés à mort sans aucun recours en vertu d'une loi antidatée pour faire croire qu'elle avait été adoptée avant l'attentat, et appliquée rétroactivement. On y découvre les mécanismes institutionnels de ce coup de force qui conduisit les magistrats à accepter l'inacceptable...
Cinquante ans après l'ouvrage retentissant d'Hervé Lamarre, Rémy Bijaoui, avocat et écrivain, qui a eu accès à de nombreuses archives inédites, livre avec Le tribunal de la honte l'enquête définitive sur "l'affaire de la Section spéciale".
